
Le journal
Édouard Tièche commence la rédaction de son journal le 31 juillet 1863. Il l’alimente jour après jour pendant cinq ans, ne s’interrompant que trois fois: lors de deux périodes de maladie et au décès de son père. Il s’arrête le 9 août 1868, peu de temps après ce dernier événement, qui bouleverse sa vie. Il y revient une dernière fois, en mai 1869, neuf mois après son départ pour Berne.
Ce document consiste en un recueil de 545 pages, couvertes d’une petite écriture rapide et parfois peu lisible. Sa retranscription a représenté un travail de longue haleine, achevé en 2025. Menée page après page, elle a permis l’immersion progressive dans le monde de l’auteur et dans la compréhension approfondie de sa personne, des passions qui l’animent et de son environnement.

L’expression de ses sentiments
La tenue d’un journal personnel est une pratique très répandue au milieu du 19e siècle. Pour Édouard Tièche, c’est avant tout un moyen d’exprimer son vague à l’âme, l’ennui profond qui l’habite, sa difficulté à donner un sens à sa vie. Il y dévoile une intériorité et des sentiments qui trouvent peu d’espace pour s’exprimer dans le cadre austère de la cure villageoise.
Sa découverte de la littérature
Mais, page après page, nous suivons aussi la passion grandissante d’Édouard pour la poésie et pour l’écriture. L’essentiel de son œuvre littéraire naît durant ces années. Il partage avec nous ses références artistiques: les classiques (Racine, Corneille, Shakespeare), Jean-Jacques Rousseau, ainsi que les romantiques (Hugo, Schiller, Musset, Chateaubriand), y compris les auteurs romands (Juste Olivier, Frédéric Monneron ou John Petit-Senn). Nous assistons, en direct, à la réception par un jeune lecteur de titres appelés à devenir des œuvres de référence.
Sa passion pour l’herborisation
Nous l’accompagnons également sur les sentiers de ses nombreuses courses d’herborisation, sa seconde passion. Montoz, Moron, Chasseral, le Creux-du-Van, les bords de l’Aar: il nous fait découvrir ces lieux, ses rencontres, ses compagnons de route et leurs pratiques botaniques.

La vie familiale et villageoise
Le texte fourmille par ailleurs de scènes du quotidien, de petits et grands événements, qui viennent distraire le poète-botaniste de sa quête intérieure. Du passage des saltimbanques à la fête de la Constitution, des travaux agricoles aux tâches ménagères, des mariages aux enterrements, des pratiques médicales aux cérémonies religieuses, il nous livre une chronique vivante de la vie d’une famille bourgeoise et d’un village au milieu du 19e siècle.

L’expression du changement
Enfin, sa découverte de la photographie, du chemin de fer, du bateau à vapeur, les contacts qu’il noue avec les premiers ouvriers horlogers, sa lecture assidue des journaux ou encore l’admiration qu’il voue aux projets architecturaux de son frère témoignent des changements en cours. Le Jura et la Suisse s’engagent dans l’ère du «progrès» et Édouard en est un observateur attentif et précieux.
Une reconnaissance
Mais un journal n’appartient-il pas à l’intime ? N’est-ce pas prendre une trop grande liberté que de le donner à lire? Édouard Tièche n’était pas totalement opposé à l’idée de «laisser une trace ici-bas» et un certain doute planait sur ses intentions. Qu’il ne nous tienne pas rigueur d’avoir franchi le pas. C’est une manière, aussi, de lui offrir la reconnaissance qu’il a toujours espérée.

Journal original
Les 545 pages du journal original d’Édouard Tièche peuvent être consultées ici.

Bientôt disponible: retranscription du journal
La retranscription du journal sera disponible gratuitement dès novembre sur ce site.